Exposition “De Profundis” : novembre 2015

Costumes de deuil à la Cour 1683-1715

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C’est inspiré par la musique des motets funèbres composés par les plus éminents musiciens du Grand Siècle – Lully, Charpentier, Lalande ou Desmarest –  que j’ai appelé cette collection de costumes de Cour des années 1683 à 1715 “De Profundis”. Le château de Maisons, où elle est présentée, offre un écrin magnifique à ces costumes réalisés dans une version “noire”, imposée par le deuil.

Entre la mort de la reine en 1683 et celle du roi en 1715, la Cour prend assez souvent le deuil, à l’occasion du trépas des membres de la famille royale, princes de sang et rois ou princes étrangers, plus ou moins proches parents du roi de France. Ces cérémonies funèbres constituent à l’époque le “négatif”  du cérémonial solaire que le roi déploie quotidiennement aux yeux de l’Europe. L’impression de grandeur est alors magnifiée par la tristesse et la désolation dont les protagonistes sont frappés et qu’ils jouent plus ou moins sincèrement, selon un rituel codifié depuis des siècles.
Le roi et sa Cour ont du mal à supporter la pénitence imposée par le temps du deuil, alors ils trouvent des moyens ingénieux pour y échapper. Le vêtement est aussi concerné : bien que réglé par des lois somptuaires strictes et prescrites par divers manuels et codex, l’habit de deuil est détourné pour suivre les modes du jour et le luxe ambiant.

À la fin du règne, à cause des deuils successifs imposés par la mort de presque toute la descendance du roi, le noir est omniprésent, devenant ainsi une couleur à la mode, une sorte de “gothic” avant la lettre.
Robes de cour, justaucorps, déshabillés, livrées, habits ecclésiastiques, tous sont assombris par l’ombre de la mort et c’est dans une infinité de nuances de noirs qu’ils se parent d’une sourde et mystérieuse lumière qui scintille comme les ondes du Styx.